Un parcours immersif autour d’un objet symbolique

Tout au long du dispositif muséographique réparti en 3 espaces les visiteurs sont immergés dans un espace sonore et spatial qui les place dans la posture d’une visite à un.e détenu.e. Et c’est à partir de l’objet réel et symbolique du couffin (Koffa), de sa préparation jusqu’à son dépôt en passant par les nombreuses étapes administratives et logistiques que se construit cette exposition sur les droits humains.  L’objet couffin incarne le lien du / de la détenu.e entre le monde extérieur et l’espace carcéral mais aussi les difficultés des familles à accéder à cet espace carcéral. 

Réflexions croisées : complexité de l’Histoire et devoir de mémoire

Cette exposition est l’aboutissement de plus d’un an d’échanges, d’ateliers, de collectes de récits et d’une réflexion de fond sur la « mise en mémoire » d’un passé traumatique, sur les processus de muséification des artefacts témoins de ce passé en contexte post-dictatorial. Tout ceci a été mené lors d’ateliers que nous avons organisés avec les partenaires du projet : le Centre International de la Justice Transitionnelle (ICTJ) et l’Université de Birmingham (UK).

Le discours muséal permet ici une compréhension intime des complexités de l’Histoire. Il est constitué de témoignages oraux, d’objets et d’images sur les perspectives des femmes tunisiennes sous la dictature en dialogue avec des propositions artistiques. L’ensemble tente de mettre en lumière la souffrance des individus confrontée aux pratiques inhumaines du système, la corruption, l’oppression, mais également les tensions de ces interactions humaines.

Une exposition itinérante

L’exposition « Les voix de la mémoire » a circulé en Tunisie de septembre à décembre 2018 dans les villes de Tunis, El Kef, Sfax et Redeyef. 

Au sein du dispositif muséographique, une salle de réflexion et de collecte auprès des visiteurs offre un espace d’accueil de témoignages spontanés afin d’enrichir et de poursuivre ce travail de mémoire. Les visiteurs-participants sont invités à remplir une charte de valeur avant la collecte des traces de leurs mémoires. Ainsi, cette opération participative conjugue l’écriture d’une mémoire collective au présent et le devoir de mémoire, en activant le lien intergénérationnel par l’éveil des jeunes générations et en contribuant à la  reconnaissance d’un trauma collectif, telle est l’ambition de cette exposition.